Quelle chiromancienne aurait pu lire dans la paume de ma main qu’un jour ligne de vie et ligne de coeur me conduiraient ici?
Je suis venu la rejoindre, mais elle est partie depuis plusieurs mois déjà.
Un nouvel effondrement.
Aujourd’hui tout est ici, rassemblé. Mes vestiges, bétons cassés, pierres taillées, morceaux de corps, lambeaux de complicités perdues. Ils gisent sur le sol gelé de l’hiver. Il faut bien laisser les choses mourir.
Et une nouvelle reconstruction.
Je le sais, cette terre que j’ai tant désirée se réchauffera bientôt. A nouveau elle donnera vie, nourrira nos racines.
Ces bétons, ces pierres, je verrai alors que ce ne sont pas des ruines. Simplement quelques uns des traits d’un grand dessin que je ne vois pas encore.
Et je saurai alors comment ils forment ma ligne de vie, ma ligne de coeur.
(j’ai placé cette paume de main aux doigts coupés le long du Ravel, à la sortie de Perwez, juste après le pont, pas loin de la rue de la Bergerie)